Éditions de l'Aube
LA MONTAGNE ETERNELLE
... au feu qui brûlait dans ses yeux tigrés
«Mais voilà que le grand Rahmat lui-même sortit de la forêt
profonde pour se diriger vers le moulin. La hachette et la scie
qu’il tenait à la main brillaient comme un rayon de soleil dans
un ciel clair. Il marchait à grandes enjambées. Ni son
apparence empreinte de détermination et d’inflexibilité, ni ses
yeux, qui lui donnaient un air farouche mais qui pétillaient
d’intelligence, ni même les poils blancs de sa barbe et de ses
moustaches ne montraient quel âge il avait. C’était peut-être
dû à la vigueur et à la force qui se dégageaient de chacun de
ses mouvements, ou encore au feu qui brûlait dans ses yeux
tigrés. Dans toute son apparence transparaissaient
l’indépendance de sa nature, la solidité de ses convictions et
la fureur qui l’animait.»
Voici, bien campé, l’un des personnages de ce superbe roman, dont l’héroïne est sans conteste l’Oqqoya, cette montagne éternelle qui veille sans faillir sur l’Ouzbékistan. Indifférente aux mœurs, à l’oppression, au monde qui change, elle est le symbole de la liberté – cette figure étrange, parfois insaisissable, pour laquelle les hommes sont prêts à tous les sacrifices.
Voici, bien campé, l’un des personnages de ce superbe roman, dont l’héroïne est sans conteste l’Oqqoya, cette montagne éternelle qui veille sans faillir sur l’Ouzbékistan. Indifférente aux mœurs, à l’oppression, au monde qui change, elle est le symbole de la liberté – cette figure étrange, parfois insaisissable, pour laquelle les hommes sont prêts à tous les sacrifices.
Mamadali MAHMOUDOV
Mamadali Mahmoudov, qui a reçu le prix Pen Club/Barbara Goldsmith en 2001, est né en 1940 dans un petit village de l’Ouzbékistan, alors République soviétique. Porté aux nues dès l’indépendance de son pays, il est aujourd’hui condamné à 14 ans de prison par le nouveau régime, après une parodie de procès. Quand sa femme lui a annoncé, lors d’une de ses rares visites autorisées, que son roman allait être publié en français, il lui a répondu qu’il était tellement heureux de savoir qu’ainsi, il ne serait pas oublié…